|
Les Italiens dans l'Armée napoléonienne: Des légions aux Armées de la République italienne et du Royaume d'ItaliePart III: L'Armée italienneBy Professor Francesco Frasca, Professeur à l'Université de Rome "La Sapienza" La République italienne avait mis au point un instrument militaire encore imparfait mais valable. Napoléon, roi dItalie par la proclamation à Paris de ce Royaume, le 17 mars 1805, porta une attention particulière au recrutement. En effet, la conscription en Italie était devenue plus lourde quen France : en 1805 on lève 16 conscrits pour 1 000 habitants contre 4 en France; en 1808 on en levait 18 contre 3 et de 1810 à 1814, 22 contre 10. Un tiers des jeunes gens dâge militaire était appelé contre 10 à 20 pour 100 en France. En chiffres, on relève: 6 000 hommes en 1804, 9 000 en 1807, 10 000 en 1808, 18 000 en 1809, 11 400 en 1810 et 15 000 en 1811, 1812, 1813, 1814. Une des conséquences de lannexion des territoires ci-devant vénitiens au Royaume dItalie fut, entre autres choses, lintroduction de la conscription. On lit dans la Gazette Nationale ou le Moniteur Universel N° 200, du Samedi 19 juillet 1806: ´ITALIE. Milan, 8 juillet. Un acte de S.A.I. le prince vice-roi, en date de ce jour, renferme les dispositions suivantes: La Dalmatie fournira deux mille sept cents natifs pour la formation de la Légion Royale Dalmate. LIstrie fournira six cent soixante natifs pour la formation du Bataillon Royal dIstrie. Tant en Dalmatie quen Istrie, le nombre dhommes prescrit par le présent sera pris parmi les natifs de 18 à 30 ans. Le provéditeur-général de la Dalmatie et le préfet de 1Istrie répartiront à raison de la population, la quantité dhommes à fournir par chaque commune. Il est permis aux communes de fournir leur contingent par enrôlement volontaire, pourvu que ceux qui se présenteront soient natifs, forts, et aient la taille requise. Au défaut dengagement volontaire, le sort désignera les hommes qui devront faire partie des dites Légion et Bataillon. Les remplacements sont autorisés sous la responsabilité de celui qui présente le remplaçant. La durée du service dans les deux corps sera de cinq ans en temps de paix. Luniforme de la Légion Royale Dalmate sera un habit court, vert, doublé décarlate, parements écarlates, pour les carabiniers et pour les chasseurs, et couleur serin pour les voltigeurs, veste blanche, pantalon vert, bottine en usage dans le pays. Luniforme du Bataillon Royal dIstrie sera également vert, revers, collet et parements bleu-céleste, pantalon gris-de-fer; les schakos seront la coiffure des deux corps. On lit dans la Gazette Nationale ou le Moniteur Universel N° 236, du dimanche 24 août 1806: ITALIE. Milan, 16 août. Par décret de S.A. (le prince vice-roi) en date du 4 août, les départements nouveaux du royaume, excepté celui de lIstrie, fourniront à lArmée royale mille hommes, lesquels devront être choisis parmi les individus qui ont vingt ans accomplis, et qui nont pas outrepassé le terme de vingt-cinq ans. LAdriatique en fournira 48; le Bacchiglione, 172 ; la Brenta, 206 le Passariano, 282 ; la Piave, 73; le Tagliamento, 219; total 1 000. Les exceptions à cette disposition en faveur des fils uniques dont la mère est veuve, ou le père septuagénaire, sans moyens dexistence, etc., sont prévus par des articles réglementaires.
De 1796 à 1814[1] sur les 309 464 jeunes gens portés sur les tableaux, en furent enrôlés 165 432, plus 44 000 volontaires, et 8 000 Dalmates, soit un total de 217 432 hommes. En 1812, pour une population de 6 700 000 habitants, 200 000 hommes étaient portés sur les tableaux (une moyenne de 40 000 pour chaque classe); déduction faite pour les exemptés et les réformés, les reconnus aptes pour le service étaient 112 000, soit 56 % des hommes portés sur les tableaux.[2] Le nombre de réfractaires, insoumis et déserteurs fut toujours élevé et leur nombre crût au fur et à mesure que les pertes italiennes grossirent, cest-à-dire à partir de 1807. La résistance à la conscription prit parfois la forme de révoltes : en 1806 dans les régions de Vicence et de Padoue, en 1808 dans les Marches. Dans les régions frontières, les insoumis et les déserteurs passaient à létranger: on en compte de 5 000 à 6 000 par an sur les confins de la Bavière, de lAutriche, de la Toscane ou des territoires pontificaux. On estime que, de juillet 1803 à février 1804, il y eut 4000 déserteurs; en 1810 de janvier à avril (guerre) 27 227 insoumis et réfractaires et 17 750 déserteurs, de 1806 à 1809, 40 000 réfractaires, insoumis ou déserteurs. En 1812 une grande battue permit darrêter 7 000 réfractaires ou déserteurs. Il y eut beaucoup de fraudes pour éviter la conscription : falsification des listes de naissance, mariage faux ou prématurés, fausses déclarations de professions. Ces fraudes entraînaient évidemment une surcharge pour la population. En même temps quil levait des hommes, le gouvernement tentait de récupérer les insoumis et les déserteurs ; il accorda trois amnisties en 1806, 1809 et 1810. La principale conséquence de linsoumission et de la désertion fut le brigandage, bien souvent dernière voie suivie par le conscrit pour échapper aux poursuites de la Gendarmerie. Dautre part, pour empêcher insoumissions et désertions, le gouvernement recourut aux mêmes procédés quen France: garnisaires, colonnes mobiles, perquisitions, otages. Cette résistance nempêchait pas lexcellente qualité du soldat italien une fois incorporé. Daprès Napoléon, il venait en quatrième place, après le Français, le Russe et lAllemand. Les sous-officiers étaient recrutés dans le corps des ´vélites qui servait décole de cadres. A partir de 1802, lEcole militaire de Modène forma les officiers pour lArtillerie et le Génie et, depuis 1805, celle de Bologne pour lInfanterie, celle de Lodi pour la Cavalerie. Avec la création des Gardes dhonneur Napoléon réalisa le triple avantage de rallier au pouvoir les représentants de laristocratie, de développer en eux lesprit militaire et de créer à peu de frais une pépinière de bons officiers. Ces officiers de diverses origines prirent vite le même esprit, et seront pendant le Risorgimento prêts à réaliser lunité de la Péninsule. En 1806, le général Caffarelli du Falga, Ministre de la Guerre, fut chargé de réorganiser lArmée italienne. La Garde du Président se transforma en Garde royale italienne; elle devait par la suite rester étroitement associée aux destinées de son aînée, la Garde impériale française, entrer avec elle à Vienne et à Berlin, partager ses triomphes à Austerlitz, ses souffrances en Russie, et succomber en 1814 à la même catastrophe, en détruisant ses aigles daprès le même cérémonial. Par larrêté du 4 juillet 1805 furent organisés 4 compagnies de Gardes dhonneur (400 hommes), 2 bataillons de Vélites royaux (1 200 hommes), une compagnie dArtillerie et une de Gendarmerie. Le total de lArmée italienne connut lévolution suivante: de 32 000 hommes en janvier 1805, 36 000 hommes en 1806, 44 000 en 1808, 50 000 en 1809, 60 000 en 1811, 88 935 en 1812 et 114 000 en 1813. Ses divisions, composées comme les divisions françaises, furent employées séparément sur les divers théâtres dopérations. LArmée dItalie, le 16 pluviôse an XIII (4 février 1805) comptait 33 813 hommes dont 21 901 Français et 11 354 Italiens, le 15 floréal 39 490 dont 29 149 et 10 341 cisalpins (idem), le 15 messidor 44 425 dont 34 364 Français et 10 061 Italiens (idem), le 9 fructidor 65 257 dont 60 191 Français et 5 066 Italiens. LArmée italienne avait, en janvier 1 805, au total 32 000 hommes : les 1 500 hommes de la ´ Guardia Reale, sous le commandement de Teodoro Lecchi, firent la campagne de 1805, et rentrèrent en février 1806, et deux bataillons allèrent combattre en Dalmatie jusquen août 1807 le reste de larmée sous le commandement de Masséna participa, dans le cadre de lArmée dItalie, à loffensive contre les Autrichiens sur lAdige. Masséna attaqua la position de Caldiero, sengageant, daprès Gachot, avec 23 600 Français contre 49 200 Autrichiens, 32 canons contre 128.[3] Bien que la bataille fut indécise, lArchiduc Charles préféra se retirer jusquà Laybach, suivi par Masséna qui sarrêta sur la ligne de lIsonzo. Masséna dans ses Mémoires dit que les Français, moins ceux des forteresses, étaient le 18 octobre 41 355, et les Autrichiens, moins la garnison de Venise, 83 414, compris les 21 092 dans le Trentin.[4] La situation des troupes dans la Cisalpine, au 8 vendémiaire an XIV, donne un total de 65 257 hommes, dont 60 191 Français et 5 066 Italiens. LArmée dItalie avait été déjà renforcée par le corps dobservation de Naples (dont faisait partie la division Lecchi) commandé par Gouvion Saint-Cyr; or, la violation de la neutralité de la part du royaume de Naples eut comme conséquence loccupation de ce pays, en décembre 1805, par une armée de 40 000 hommes, qui prit la dénomination dArmée de Naples. Elle chassa les Anglais, qui avaient débarqué dans le ´ Mezzogiomo' , et fut engagée contre le brigandage. Masséna resté sur lIsonzo, reçut de Napoléon la mission dempêcher lArchiduc Charles de gagner le Danube. Il se mit en mouvement le 1" décembre en direction de Laybach, où il apprit la nouvelle de la bataille dAusterlitz. En 1806, larmée italienne avait 36 000 hommes; le 1er avril la force de lArmée dItalie était de 56 237 hommes dont 51 357 Français et 6 453 Italiens (Polonais compris parmi les Italiens), le 1er mai 56 653 dont 50 143 Français et 6 510 Italiens (Polonais compris), en 1807, 89 706 dont 10 610 Italiens, le 15 septembre 94 291, dont 18 484 Italiens. En 1807, lArmée italienne avait une division en Poméranie. La même, lannée suivante, fut dirigée vers lEspagne, où elle reçut en renfort la division Lecchi. Dans le territoire du Royaume, le 1er janvier 1807, lArmée dItalie totalisait 89 706 hommes, dont 79 096 Français et 10 610 Italiens (Dalmates compris). Le 15 septembre sa force était encore augmentée: 94 291 hommes, dont 76 608 Français et 18 484 Italiens (Dalmates compris). Au début de 1808, la division Lecchi, 7 000 Italiens (8 000, daprès Fiorini et Lemmi) et 2 000 Napolitains, passa en Catalogne avec Duhesme. En février elle entrait en Catalogne et occupait Barcelone. Elle y combattit jusquen 1810, ensuite ses débris (2 000 hommes) furent versés en Espagne dans la division Palombini. Le 16 décembre, des 44 835 hommes de lArmée italienne, 19 579 étaient à létranger, les 43,7 % du total, surtout en Espagne, où fut envoyée une deuxième division de 10 000 hommes. Par contre, le 1er juillet lArmée dItalie avait 75 799 hommes dont 57 527 Français et 17 685 Italiens. Dans le contingent italien (Istrie et Dalmatie comprises) de 11 728 conscrits envoyés sous les drapeaux, 11 303 furent incorporés. Rares étaient les déserteurs (425). En 1809, lArmée italienne, des 50 000 effectifs, déployait, dans le cadre de lArmée dItalie, en Frioul, 2 divisions et la Garde royale (25 bataillons et 6 escadrons de cavalerie), à côté de 5 divisions françaises dinfanterie et 3 de cavalerie (65 bataillons et 39 escadrons). LArmée dItalie, le 1er avril 1809, avait une force de 108 542 hommes, à savoir: 77 543 Français, 28 285 Italiens et 2 714 Napolitains. La division Serevoli de 9 700 hommes et la division Rusca de 6 500 hommes encadrés dans lArmée dItalie participèrent à la campagne de 1809. En septembre, la division Pino fut envoyée en Espagne (8 368 hommes, devenus ensuite 12 000). En 1811, sur 50 573 hommes de lArmée italienne, 30 109 étaient à lintérieur, 20 464 à lextérieur. Le 1er juin 1811, les six divisions militaires du royaume avaient 67 465 hommes, dont 48 615 employés en guerre. LArmée de Dalmatie, puis dIllyrie, qui opérait de concert avec lArmée dItalie et qui, comme celle-ci, avait des troupes italiennes, istriennes et dalmates, comptait 23 067 hommes. Dérivée du 2e corps de la Grande Armée, à la tête duquel le général Marmont occupa lIllyrie acquise par le traité de Presbourg, elle participa à la campagne de 1809 avec 15 000 hommes, puis fournit des renforts à larmée de Catalogne et à la Grande Armée de 1813. Au 1er janvier 1812 les hommes de lArmée dItalie destinés aux six divisions militaires étaient 67 542; à ceux-ci doivent être ajoutés ceux qui étaient destinés à entrer en campagne, à savoir 49 857 hommes; de ceux-ci, 30 000 formèrent deux divisions et deux brigades de cavalerie, du IVe corps darmée de la Grande Armée. En avril 1813, la division Peyri participa à la campagne dAllemagne et perdit à Koenigswartha 1 500 tués et 1 300 prisonniers ; son chef fut relevé et remplacé par Fontanelli. Cette division fut a Juterbock, à Leipzig, à Hanau, et pour finir à Mayence, le 1er novembre, avec 2 206 rescapés. Elle avait été rejointe par la brigade Moronj, partie en mai et qui sétait distinguée à Gross Beeren. Une brigade de cavalerie Jacquet, placée à la division Fresia, combattit à Dresde avant dêtre dissoute et répartie entre diverses divisions. Pendant lautomne, 4 divisions italiennes et 4 françaises défendaient la frontière du Frioul, 2 divisions italiennes étaient encore en Espagne. En février 1814, lArmée dItalie réorganisée par le vice-roi Eugène remportera la dernière victoire contre lAutriche sur le fleuve Mincio, en sopposant avec succès à lavancée de Murat. Le coût des contributions italiennes fut de 14 000 morts en Espagne,[5] 26 000 en Russie, 15 000 en Allemagne et en Italie. Les contingents sétaient élevés à 121 000 hommes environ, de 1805 à 1814, dont 60 500 disparurent, soit 50 %. Le 15 juin 1813, le vice-roi Eugène, après les pertes subies par les troupes italiennes en Allemagne et en Italie, éprouvait les plus grandes difficultés à reconstituer son armée. Il put cependant mettre en ligne 57 921 hommes, entre le col de Tarvis et Laybach. Le total des forces en Italie : le corps dObservation de lAdige comptait 53 805 hommes, 10 910 étaient dans les places du Royaume, dans le reste de lItalie 36 368. Le passage de son beau-père, le roi de Bavière à la coalition (8 octobre 1813) portait le vice-roi Eugène à évacuer rapidement lIllyrie, puis le Tyrol insurgé, à se replier sur lAdige et ensuite sur le Mincio. Le 15 janvier 1814 daprès le dernier livret de lArmée dItalie, celle-ci disposait de 45 025 hommes en activité et 14 433 hommes dans les places de Palmanova, Venise-Mestre, Osoppo et Legnago. Le nombre des blessés était très élevé : 11 525. En ces circonstances le vice-roi pouvait organiser la défense du royaume dItalie contre les Autrichiens du maréchal de Bellegarde, mais labdication de Napoléon, 11 avril 1814, fit interrompre les hostilités devant Mantoue. Un armistice signé le 17 avril 1814 organisait le départ des troupes françaises. Après la révolte de Milan du 20 avril et labandon de lItalie par le vice-roi Eugène, lArmée italienne passa alors sous le contrôle autrichien. Restaient sous les drapeaux 45 000 hommes. Le 13juin le maréchal de Bellegarde donnait lordre à tous les militaires italiens de ne plus porter la cocarde tricolore. Mais, voici la chronique des événements, daprès Le Moniteur Universel N° 208 du 27 juillet 1814 : ITALIE, Milan le 13 juillet. Larrivée de S.M. lEmpereur dAutriche vient dêtre annoncée comme devant avoir lieu vers la fin de septembre. Il sera accompagné par plusieurs princes et princesses de sa famille. M. le général Pino a été confirmé par S.M. dans les rangs, grades et honneurs quil occupait au service du roi dItalie; Son Excellence a passé en revue les corps de troupes formant larmée italienne, stationnée à Vérone. Lancien royaume a encore une force militaire active de 32 000 hommes.
LAutriche avec les soldats lombards et vénitiens, ci-devant de lArmée italienne, constitua quatre régiments dinfanterie, deux bataillons de chasseurs et un régiment de cavalerie. On lisait, dans Le Moniteur Universel, N° 314, du jeudi 10 novembre 1814: ITALIE, Milan le 29 octobre. On évalue à 100 000 hommes les forces que lAutriche maintiendra dans ses possessions italiennes. Un ordre du jour en date du 25 de ce mois prescrit différentes mesures contre les déserteurs de lArmée italienne. On lisait, dans Le Moniteur Universel, N° 341, du jeudi 7 décembre 1814: ITALIE, Milan le 26 novembre. On vient de publier un édit sévère contre les déserteurs italiens. Toute personne qui recèlera un ou plusieurs de ces déserteurs, dont le nombre paraît être considérable, sera arrêtée et jugée suivant toute la rigueur des lois. LArmée italienne, à lépoque de son incorporation dans larmée autrichienne, comprenait 10 généraux de division, 26 généraux de brigade, 37 colonels, 109 chefs de bataillons. Tous les officiers qui nétaient pas sujets du royaume Lombard-Vénitien furent presque tous mis en retraite. On lisait, dans Le Moniteur Universel, N° 345, du dimanche 11 décembre 1814: ITALIE. Milan, le 24 novembre. LEmpereur (dAutriche) a daigné accorder une pension de retraite aux officiers natifs de trois légations qui, en leur qualité détrangers et vu le grand nombre dofficiers, nont pas pu être employés dans les régiments quon a levés dans les légations. Ils la toucheront à Bologne, où ils doivent se présenter à cet effet. Enfin les régiments italiens sous les drapeaux autrichiens reçurent leur destination. On lisait dans Le Moniteur Universel, N° 348, du mercredi 14 décembre 1814: ITALIE. Milan le 3 décembre. On lit dans le journal du département de la Mella lordre du jour suivant: Soldats ! S.M. lEmpereur dAutriche, François I~, notre auguste souverain, ayant donné à tous ses nouveaux régiments italiens une nouvelle destination pour ses plus belles villes dAllemagne, je trouve à propos, avant de nous mettre en marche, davertir tous les corps de ma brigade que celui qui pourrait avoir des affaires de famille urgentes obtiendra la permission de retourner en Italie pour suivre ces affaires. Observez dans la marche que vous allez commencer la discipline la plus exacte; détestez cette honteuse désertion dont trop de vos camarades se sont rendus coupables; ne prêtez pas loreille aux mal intentionnés qui ne cherchent quà vous donner de mauvais conseils; celui qui se rendra coupable de désertion, perdra le droit dobtenir son renvoi, etc. Signé : le général Suden. Brescia, 21 novembre 1814. La dislocation des troupes italiennes suivait le principe du ´ dividi et impera ª.I On lisait, dans Le Moniteur Universel, N° 24, du mardi 24 janvier 1815 ´AUTRICHE. Vienne le 10 janvier. Il est arrivé ici un grand nombre de troupes italiennes. Quatre bataillons de grenadiers restent ici ; les autres se rendent à Prague, à Olmutz, à Bude, etc. Le Prince de Paar a eu un régiment dinfanterie italienne, et le comte de Nostitz un régiment de cavalerie. Divers autres officiers supérieurs ont été pourvus de régiments. Le comte Nugent a eu celui de feu le prince de Ligne.ª On lisait encore dans Le Moniteur Universel, N° 25, du mercredi 25 janvier 1815 ´AUTRICHE. Vienne le 10 janvier. Les troupes italiennes qui arrivent sont envoyées à Prague, Olmutz, Presbourg, Bronn, Bude et Pesth, dont elles doivent former la garnison. Voici la force des troupes italiennes sous le drapeau autrichien, daprès Le Moniteur Universel, N° 240, du lundi 28 août 1815 ITALIE. Milan le 15 août. Larmée du royaume dItalie était forte de 60 000 hommes sous Bonaparte, la population de ce royaume surpasse six millions dâmes dont le royaume de Lombardie-Vénétie en compte plus de quatre millions. Ainsi, proportion gardée, larmée de ces provinces devait être forte de 40 000 hommes. S.M., notre auguste souverain, a porté larmée de ce royaume à quatre régiments dinfanterie, quatre bataillons légers et un régiment de cavalerie, formant sur pied de guerre une armée de 20 000 hommes. ª Voici enfin dans quelle armée devaient être encadrées les troupes italiennes, daprès Le Moniteur Universel, N° 31, du mardi 31janvier 1815 AUTRICHE. Vienne, le 18 janvier. Daprès le nouvel Almanach militaire qui vient de paraître, voici quelle est la composition de larmée autrichienne : linfanterie de ligne consiste en 57 régiments, dont 42 allemands, 15 hongrois et transylvains. Les régiments allemands sont de 5 bataillons, y compris 2 bataillons de Landwehr; les autres sont de 4 bataillons; ainsi ces 57 régiments donnent 270 bataillons, qui ajoutés aux 21 de grenadiers forment 291 bataillons. Chaque bataillon est de 6 compagnies et de 1 200 hommes ; ainsi le total de linfanterie de ligne est de 349 200 hommes. Linfanterie légère est composée de 17 régiments de frontières, qui forment 51 bataillons ; de 16 bataillons de chasseurs, 4 italiens, 2 allemands, 2 serbes, un corps franc dalmate et 2 italiens. La force de linfanterie légère est de 85 800 hommes, et porte celle de la totalité de linfanterie à 435 000 hommes. La grosse cavalerie consiste en 8 régiments de cuirassiers, qui forment 48 escadrons, outre la réserve de chaque corps; en 6 régiments de dragons, composant 36 escadrons. La cavalerie légère est composée de 7 régiments de chevau-légers, formant 57 escadrons, de 12 régiments de hussards divisés en 138 escadrons, et de 4 régiments duhlans donnant 32 escadrons. Ainsi, toute la cavalerie consiste en 330 escadrons de 172 hommes chacun, et monté à 57 760 hommes. Si lon y joint la réserve de chaque corps, la force totale de cette armée sélève à 75 000 hommes. Lartillerie est composée de 4 régiments, quon peut évaluer à 13 600 hommes. Si lon y joint les différentes branches du corps de génie, les mineurs, sapeurs, pionniers, bombardiers, le corps du train, 4 bataillons de garnison et létat-major général, on peut porter cette armée au moins à 20 000 hommes. Ainsi la totalité des forces de lArmée monte à plus de 500 000 hommes, sur lesquels on peut au moins compter 450 000 effectifs. ª
ConclusionEn conclusion, larmée italienne fut indispensable comme moyen de défense. LItalie sétait enfin assurée pour la première fois, de la puissance matérielle nécessaire pour défendre son existence et son oeuvre contre les attaques du dehors. Quelles chances heureuses cette situation pouvait ménager au maintien de lindépendance, cest ce que devaient montrer les événements de 1814. Mais, larmée ne joua pas un rôle moins salutaire comme moyen damélioration intérieure. A ce sujet lhistoriographie a donné des interprétations différentes. Pour Albert Pingaud, ´son mode de recrutement la destinait à opérer une véritable révolution dans les moeurs... le grand bienfait du service obligatoire sera de préparer une génération nouvelle, en faisant pénétrer dans les couches profondes du peuple ces idées de nationalité qui semblaient le privilège dune élite.., représentait donc un effort des plus méritoires dans luvre de Meizi ª ; Pingaud citait Stendhal : ´ Larmée créée par Napoléon réunissait dans la même compagnie le sombre Novarais et le gai Vénitien, le citoyen de Reggio et le bon Buseccone de Milan. Elle a produit deux effets 1° la création dune langue nouvelle; 2° la haine de ville en ville et le patriotisme dantichambre diminuaient rapidement dans lArmée.[6] De la même opinion ont été deux historiens italiens Vittorio Fiorini et Francesco Lemmi, contemporains de Pingaud (1914): ´ E in verità lesercito fu la più nobile e la più efficace scuola di educazione nazionale del popolo italiano; il quale in mezzo al fragore delle armi napoleoniche, risvegliô e temprô le sue energie sonnecchianti da secoli, divenne intollerante di tirannie forestiere ed jndigene, si persuase che doveva e poteva riconquistare il suo posto fra le nazioni libere dell Europa.[7] Jacques Godechot reprend la thèse déjà soutenue par Albert Pingaud: ´.,. cest dans larmée que la bourgeoisie exerce désormais sa prépondérance. LArmée italienne va jouer un rôle de premier ordre, non seulement dans le Royaume dItalie, mais après 1814... la vive opposition rencontrée par la conscription nempêcha pas que le soldat italien, une fois incorporé, se révéla excellent.[8] Mais, si la résignation seule remplissait lâme de la plupart des soldats enrôlés, ceux-ci développèrent néanmoins dans les unités un esprit de corps assez vivace, en révélant des qualités militaires inattendues pour être encadrés dans des unités à la composition mixte, et donc aux provenances régionales diverses; avoir son poste loin des lieux dorigine, à côté ou contre des troupes des autres nationalités, voilà des faits qui ne pouvaient manquer déveiller la conscience des devoirs envers une communauté, non plus limitée à la ville ou à la province, mais conçue selon une vision plus vaste, même si elle nétait pas pareille pour tous, et même sil ne sagissait pas toujours dune vision nationale unitaire. La Révolution française eut des répercussions dordres divers: idéologique, politique, économique; en Italie, elle eut des effets non moindres sur la vie militaire. Le peuple italien eut une remarquable participation militaire à toutes les guerres de la période napoléonienne. Cest une participation qui eut des débuts modestes: la Légion lombarde et la Légion italienne. II sagissait de formations constituées par des volontaires et des sympathisants de la Révolution. En 1802 la conscription fut introduite dans les départements de la Cisalpine dans un milieu essentiellement hostile. Mais son produit portait, à la fin de lEmpire, plus de 200 000 hommes dans larmée de Napoléon. Bref, lampleur de la participation italienne aux guerres de Napoléon, compte tenu des hommes recrutés dans les départements italiens de lEmpire, ainsi que des soldats de larmée napolitaine de Joseph Bonaparte, puis de Joachim Murat, paraît considérable pour lépoque: 500 000 hommes. À la Restauration, les anciens soldats partisans de Napoléon, presque partout pourchassés, furent les plus fermes soutiens du mouvement unitaire et libéral: Carbonari, Adelfi, Filadelfi, etc... Finalement, larmée italienne avait été le creuset où les éléments les plus hétérogènes venaient se fondre en un métal unique, qui servit à forger une arme solide et tranchante pour les guerres dindépendance italiennes. Les idées libérales, tout en traversant mille difficultés, simposèrent en Italie dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Notes1. D'après Alessandro ZANOLI (1778-1855), Secrétaire général du Ministère de la Guerre du Royaume d'italie, en 1811, sous le générai Achilie Fontanelli (1775-1837), Ministre de la Guerre depuis 1810. Cité par C. ZAGHI, op. cit., p. 555. 2. Ufficio Storico dello Stato Maggiore dell'Esercito, L'esercjfo e i suoi corpi (Roma, 1975), p. 16. 3. E. GACHOT, La Troisième campagne d'italie (Paris, 1911), p. 81. 4. MASSÉNA, Mémoires, t. V, p. 80, 370 et 374. 5. 21 225 morts et prisonniers d'après Vacani, auteur de la Storia delle campagne e degli assedi degli Italiani nella Spagna dal1808 al 1813, I.R. Stamperia, Milano, 1823. 6. A. PINGAUD, op. cit., t. II, p. 218-219 et Le premier royaume d'Italie. L'oeuvre militaire dans la Revue d¹histoire diplomatique, XLII (1928), p. 432. 7. FIORINI et LEMMI, op. cit., p. 620. 8. J. GODECHOT, Histoire de l'Italie moderne (Paris, 1977), p. 228, 229.
Notes
Placed on the Napoleon Series: December 2000 Editor's Note: This article was first published in Etudes Napoleoniennes Vol. IV; 1988 and is used with the permission of the editor. |
|
|
© Copyright 1995-2004, The Napoleon Series, All Rights Reserved. |