Eylau: Precis Des Travaux de la Grande Armée
Passage de la Sonna
Le général Gardannes, que l’Empereur avait envoyé avec 30 hommes de sa garde, par reconnaître les mouvemens de l’ennemi, rapporta qu’il passait la rivière de Sonna à Lopackzin, et se dirigeait sur Tycockzin.
Le grand-duc de Berg, qui était resté malade à Varsovie, n’avait pu résister à l’impatience de prendre part aux événemens qui se préparaient. Il partit de Varsovie, et vint rejoindre l’Empereur. Il prit deux escadrons des chasseurs de la garde pour observer les mouvemens de la colonne ennemie. Les brigades de cavalerie légère de la réserve, et les divisions Klein et Nansouty pressèrent le pas pour le joindre. Arrivé au pont de Lopackczin, il trouva un régiment de hussards russes qui le gardait. Ce régiment fut aussitôt chargé par les chasseurs de la garde, et culbuté dans la riviere, sans autre perte de la part des chasseurs qu’un maréchal-des-logis blessé.
Cependant, la moitié de cette colonne n’avait pas encore passé, elle passait plus haut. Le grand-duc de Berg la fit charger par le colonel Dalhmann, à la tête des chasseurs de la garde, qui lui prit trois pièces de canon, après avoir mis plusieurs escadrons en déroute.
Tandis que la colonne que l’ennemi avait si imprudemment jeté sur la droite, cherchait à gagner la Narew pour arriver à Tykoczin, point de rendez-vous, Tykoczin était occupé par le maréchal Davoust qui y prit 200 voitures de bagages et une grande quantité de traînards qu’on ramassa de tous côtés.
Toutes les colonnes russes sont coupées, errantes à l’aventure dans un désordre difficile à imaginer. Le général russe a fait la faute de cantonner son armée, ayan-sur ses flancs l’armée française, séparée il est vrai patra la Narew, mais ayant un pont sur cette rivière. Si la saison était belle, on pourrait prédire que l’armée russe ne se rétirerait pas et serait perdue sans bataille; mais dans une saison où il fait nuit à quatre heures, et où il ne fait jour qu’à huit, l’ennemi qu’on poursuit, a toutes les chances pour se sauver, sur-tout dans un pays difficile et coupé de bois. D’ailleurs les chemins sont couverts de quatre pieds de boue et le dégel continue. L’artillerie ne peut faire plus de deux lieues dans un jour. Il est donc à prévoir que l’ennemi se retirera de la position fâcheuse où il se trouve; mais il perdra toute son artillerie, toutes ses voitures, tous ses bagages.
Voici qu’elle était le 25 au soir la position de l’armée française.
La gauche, composée des corps du maréchal prince de Ponte-Corvo et des maréchaux Ney et Bessières, marchant de Biezun sur la route de Grodno.
Le maréchal Soult arrivant à Ciechanow. Le maréchal Augereau marchant sur Golymin. Le maréchal Davoust entre Golymin et Pultusk. Le maréchal Lannes à Pultusk.
Dans ces deux jours, nous avons fait quinze à seize cents prisonniers, pris vingt-cinq à trente pièces de canon, trois drapeaux et un étendard.
Le tems est extraordinaire ici, il fait plus chaud qu’au mois d’octobre à Paris; mais il pleut, et dans un pays où il n’y a pas de chaussées, on est constamment dans la boue.
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