Eylau: Precis Des Travaux de la Grande Armée
Pièces Officielles de la Denière Négociation Entre la France et L’angleterre. Déclaration De S. M. Britannique. 21 octobre 1806.
Les négociations dans lesquelles S. M. était êntrée avec la France, s’étant terminées sans succès, le roi jage convenable de faire à ses sujets et à l’Europe entière, une dêclaration publique des circonstances qui ont amené un résultat si affligeant pour S.M. Elle n’a rien plus à coeur que la conclusion d’une paix sûre et durable. Elle déplore la continuation d’une guerre qui trouble le bonheur de tant de nations, et qui, malgré tous les succès qui accompagnent ses arm s, est si onéreuse à ses fidèles et affectionnés sujets. Mais elle a la confiance qu’il n’y a plus aujourd’hui, soit dans ses Etats, soit dans les autres parties de l’Europe, qu’un seul sentiment, celui d’une conviction encore plus intime que le rétablissement de la tranquillité générale n’est retardé que par l’injustice et par l’ambition de l’ennemi.
Le Gouvernement français, non content des acquisitions immenses qu’il a faites sur le Continent, persévère encore dans un systême destructif de l’indépendance de toutes les autres nations. La guerre se poursuit non pour obtenir de la sécurité, mais pour faire des conquétes ; et les négociations de paix paraissent n’avoir en d’autre objet que d’inspirer aux puissances voisines une fausse sécurité, pendant que la France préparait, combinait et exécutait ses projets continuels d’envahissement et d’aggresion.
Sa conduite, pendant les dernières discussions, n’a offert que trop de preuves de cette disposition.
La négociation commença par l’offre que fit le Gouvernement français de traiter de la paix sur la base d’une possession actuelle, qui fut présentée comme susceptible d’admettre une compensation mutuelle, et l’on y ajouta en outre l’assurance que les Etats allemands de S. M., qui avaient été attaqués sans le plus léger prétexte d’hostilités, seraient restitués.
Une telle proposition parut à S.M. offrir un fondement équitable de négociations: elle fut en conséquence reçue avec la réserve que la négociation serait conduite par S.M. de concert avec ses alliés.
Cette base n’ent pas été plutôt admise et consentie de part et d’autre que l’ennemi s’en écarta, et sur des points d’une si haute importance, que S.M. fut aussitôt obligée de déclarer qu’à moins que le principe proposé par la France elle-même ne fut maintenu, les communications overtes entre les deux gouvernemens, allaient être à l’instant fermées.
Cette déclaration amena, de la part de la France, de nouvelles protestations sur la disposition où elle était de faire des sacrifices considérables pour arriver à la paix, si l’on voulait continuer les négociations; et en même tems on élevait des difficultés sur l’insuffisance des pouvoirs de la personne que S.M. avait chargée de faire cette communications. En conséquence, des mesures furent prises par S.M. pour ovrir une négociation régulière, par des ministres duement autorisés, afin de s’assurer d’une manière satisfaisante et authentique, s’il était possible d’obtenir une paix honorable pour le roi et ses alliés, et compatible avec la sûreté générale de l’Europe.
Pendant ces entrefaites, un ministre, envoyé par l’empereur de Russie et chargé de traiter pour le même objet, de concert avec le gouvernement de S.M., fut amené par les artifices de l’ennemi à signer un traité séparé, à des conditions également contraires à l’honneur et aux intérêts de S.M.I.
Sans se laisser ébranler par cet événement inattendu, le roi continua à traiter sur les mêmes principes qu’auparavant. Il se reosa avec une confiance que l’expérience a bien justifiée, sur la bonne foi et la fermeté d’un allié, avec lequel il avait commencé de concert la négociation, et dout il avait, pendant tout le cours de la discussion, défendu les intérêts comme les siens propres.
Le Gouvernement français, au contraire, fier de cet événement comme de la victoire la plus importante et la plus décisive, se départit chaque jour davantage de ses engagemens et des offres qu’il avait faire. Non-seulement il prit sur lui de changer, à son gré, la base de la négociation avec la Grande-Bretagne, mais il viola, sur des points encore plus importans, tous les principes de la bonne foi envers la Russie. Le principal appât offert à son ministre, avait été la conservation de l’Allemagne. Cependant, avant que la décision de la Russie sur ce traité pût être connue, la France avait déjà anéanti la forme et la constitution de l’Empire germanique. Elle avait fait passer sous son joug une grande portion des Etats et des provinces de cet empire, et non contente de fouler ainsi aux pieds des engagemens si récens, elle avait, dans le même tems, excité la Porte Ottomans à des mesures subversives de ses engagemens avec la Russie.
Une tel’e conduite envers S.M., envers ses alliés et envers toutes les nations indépendants, avait laissé si peu d’espoir d’une issue favorable de la négociation, que les plénipotentiaires du roi demandèrent leurs passeports pour revenir en Angleterre.
Cette demande fut d’abord éludée par des délais sans pretextes comme sans exemple, et ensuite le Gouvernement français, en faisant quelques concessions matérielles et en donnant à entendre que, dans le cours d’une discussion ultérieure, il pourrait en faire de plus traînèrent de jour en jour jusqu’à ce qu’enfin on annonça dans Paris que l’empereur de Russie avait rejeté avec indignation le traité séparé, conclu sans autorisation par son ministre.
En conséquence de cet événement important, le ministre de S.M. reçut les assurances les plus fortes que la France était disposée à faire les plus grands sacrifices pour conclure la paix avec l’Angleterre, et rendre la tranquillité au Monde.
Il paraît cependant que le but de ces assurances était d’engager S.M. dans une négociation séparée, et dont ses alliés seraient exclus : proposition qui avait été rejetée dans le principe, et que S.M. pouvait encore moins admettre à époque où la conduite de la Russie lui imposait une nouvelle obligation de ne point séparer ses intérêts de ceux d’un allié si fidèle. Le roi refusa constamment de prêter l’oreille à ces ouvertures insidieuses; mais S.M. prit les moyens les plus efficaces pour écarter tous les prétextes de retard, et pour accélérer, s’il est possible, l’heureuse issue de la négociation. Les communications confidentielles qui avaient soigneusement et constamment été entretenues avec la Russie, mirent S.M. à portée de spécifer les conditions auxquelles cette puissance consentirait à faire la paix. En conséquence le plénipotentaire anglais reçnt ordre de faire à la France, par addition à ses propres demandes, celles de son allié, de réduire celles ci en articles à part, et même de conclure sure cette base un traité provisoire, dont l’effet n’aurait lieu qu’après l’adhésion de la Russie.
La France, après quelques objections, consentit à suivre ce mode de négociation. Il fut fait alors à S.M. des propositions qui se rapprochaient plus qu’auparavant des premières bases de la négociation; mais elles étaient encore bien loin des conditions sur lesquelles S.M. n’avait cessé d’insister, et auxquelles l’Angleterre avait plus que jamais le droit de prétendre; et le rejet formel des justes demandes de la Russie, aussi bien que le refus des conditions proposées par S.M. en faveur de ses autres alliés, ne laissèrent plus au roi d’autre parti à prendre que d’ordonner à son ministre de terminer cette discussion et de revenir en Angleterre.
Cette exposition courte et simple des faits n’a pas besoins de commentaires. Les prémieres ouvertures qui ont amené la négociation, ont été faites par l’ennemi, et S.M. les a écoutées avec un désir sincère de la paix. Chaque proposition qui a pu faire entrevoir la perspective la plus éloignée d’un accommodement, a été rompue tant qu’on a conservé la légère espérance de lui voir prendre une heureuse issue. Les demandes de S.M. ont été constamment justes et raisonnables; elles n’ont point eu pour objet de satisfaire une ambition personnelle, mais de remplir les devoirs qui lui preserivaient impérieusement l’honneur de sa couronne, ses engagements avec ses alliés et les intérêts généraux de l’Europe.
C’est avec une douleur profonde que S.M. voit se prolonger les maux inséparables de la guerre; mais la redoutable responsabilité des malheurs qu’elle entraîne, retombe sur ses ennemis, et S.M. se repose avec confiance, pour le resultat de cette grande querelle, sur la justice de sa cause, sur les ressources et la bravoure de son peuple, sur la fidélité de ses alliés, et avant tout, sur la protection et l’appui de la divine providence.
En contribuant aux efforts immenses qu’une telle guerre doit nécessairement amener, les fidèles sujets de S.M. ne peuvent oublier qu’il y va de leurs plus chers intérets; que quelques sacrifices qu’on leur demande, ils ne sont pount comprables à la honte de céder aux prétentions injurieuses de l’ennemi; qui la prospérité, la force et l’indépendance de leur patrie sont essentiellement liées au maintien de la bonne foi de l’honneur national, et qu’en défendant les droits et la dignité de l’empire britannique, ils défendent le plus puissant boulevard de la liberté du monde.
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