Eylau: Precis Des Travaux de la Grande Armée
Lettre de Lauderdale à Talleyrand se plaignant au sujet du retard à recevoir des passeports: 22 août 1806
Paris, ce 22 août 1806.
NoXXV. – Le soussigné ministre plénipotentiaire de S.M. britannique, se voit dans la nécessité de rappeler à S.Exc. le ministre des relations extérieures, 1o. que dans la matinée du 12 de ce mois, une note signée par le soussigné et par le comte de Yarmouth, en date du 11, fut remise à S.Exc. le général Clarke, dans laquelle les soussignés observèrent, “que le gouvernement britannique, bien loin de prétendre à exiger du Gouvernement français toutes les restitutions à sa bienséance, sans qu’il fût tenu lui-même à aucune restitution envers la France, n’a témoigné d’autre desir que celui de traiter avec le Gouvernement français sur la base qui lui a été proposée par la France elle-même, telle qu’elle se trouve exprimée dans la note de lord Lauderdale; savoir, de traiter généralement sur la base de uti possidetis, que l’on devait observer scrupuleusement, excepté dans le cas du Hanovre, qu’on se proposait de céder à S.M. britannique en entier. Que quand même il serait possible de se méprendre sur les résultats à tirer nécessairement de ce principe, les discussions de vive voix, qui eurent lieu le 9 du courant, entre les plénipotentiaires français et les soussigné, ne permettraient parfaitement entendue de ces plénipotentiaires; qu’en conséquence, les soussignés n’avaient qu’à répéter que d’après les instructions de leur gouvernement, ils ne pouvaient faire autrement que d’insister sur ce que ce principe fût préalablement reconnu, et que ce n’était qu’à cette condition qu’il leur était permis de continuer la négociation.”
2o. Que le 14 de ce mois, le soussigné, conjointement avec le comte de Yarmouth, eut encore l’honneur de marquer par écrit à S.Exc. le ministre des relations extérieures, “que le silence de leurs Exc. les plénipotentiaires français, (par rapport à la note du 11 de ce mois), donnait lieu aux soussignés de présumer, que dans le moment actuel ils ne devaient pas s’attendre à une explication telle qu’elle avait été demandée la note du 11, pour autoriser les soussignés, en conformité avec leurs instructions, à poursuivre la négociation.”
“Que d’après cette idée, ils desiraient mettre un terme à l’attente générale des deux nations, vu le peu d’apparence de la voir réalisée. Qu’ils sentaient que la demande faite dans de pareilles circonstances, des passeports pour leur retour, pourrait être susceptible d’interprétations d’une nature a retarder l’heureux moment où les vues du Gouvernement français se rapprocheraient davantage de celles qu’on lui avait supposées. Que pour ôter jusqu’à la possibilité d’un pareil inconvénient, ils croyaient devoir donner des assurances, qu’une démarche quelconque qui aurait l’effet de mettre des obstacles au renouvellement de la négociation, serait par là même contraire a leurs intentions, malgré que, par les raisons déjà détaillées, ils se voyaient obligés de mettre un terme à leur mission.”
Le soussigné, en voyant tarder la réponse à ces communications, s’est persuadé que ce délai pouvait provenir de dispositions favorables au progrès de la négociation, et qu’il serait enfin compensé par une reponse conforme à cette interprétation. Lors même qu’il n’en a vu arriver aucune, il a persévéré également dans une conduite qui a dû prouver incontestablement la sincérité du desir qu’il avait manifesté de recevoir des explications qui le missent en état de poursuivre les objets de sa mission.
Mais si, dès le 14 de ce mois, le soussigné, conjointement avec le comte de Yarmouth, s’est vu obligé d’observer à S.Exc. le ministre des relations extérieures, qu’il appréhendait (d’après le silence de leurs Exc. les plénipotentiaires français), qu’il ne serait fait aucune réponse à ce sujet, etc., et si, à cette époque, ils ont cru devoir déclarer la nécessité où ils étaient, en conformité avec les ordres de leur souvrain, de demander des passeports pour leur départ, le soussigné n’a pas besoin de remarquer à Son Excellence le ministre des relations extérieures, combien les nouveaux délais survenus dépuis cette date, prescrivent impérieursement au soussigné de renouveler instamment cette demande.
En même tems le soussigné doit ajouter, que ne pouvant se persuader que dans le cas où la réponse ne dût pas être favorable, S.Exc. le ministre des relations extérieures eût différé pendant un aussi long intervalle l’adoption de la seule alternative de l’envoi des passeports, il ne se refuse pas entièrement, même aujourd’hui, à l’espoir de voir établie de nouveau la proposition telle que les ministres de S.M. britannique l’ont comprise avoir été faite de la part du Gouvernement français, puisque c’est ainsi seulement que l’attente des deux nations pourra être enfin réalisée.
Quand même ces espérances ne seraient point fondées, le soussigné ne regrettera jamais un delai qui lui a fourni l’ocasion de prouver, d’une manière non équivoque, le desir sincère d’une paix solide et honorable, dont S.M. britannique n’a cessé d’être animée, et dont S.M. a donné la meilleure preuve en autorisant le soussigné à traiter sur la base proposée en premier lieu par la France. C’est dans cette même vue que le soussigné supporté une aussi longue incertitude sans faire à cet égard la moindre réclamation.
Aujourd’hui en priant S.Exc. le ministre des relations extérieures de lui faire passer provisoirement, et pour être mis un usage dans les cas déjà indiqués, les passeports nécessaires pour lui et pour sa suite, le soussigné croit avoir adopté le seul moyen de prévenir la voyait forcé de renouveller cette demande, de l’accompagner de réclamations telles que l’autoriseraient le droit des gens et la dignité de son souverain.
LAUDERDALE.
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