Eylau: Precis Des Travaux de la Grande Armée
Lettre de Lauderdale à Talleyrand déclarant que d’autres négociations seraient futiles
XXIX. Au moment de renouer avec LL. EE. les plénipotentiaires français la conférence du 26 de ce mois, le soussigné plénipotentiaire de S. M. britannique se croit obligé de remettre sous les yeux de leurs Exc. l’état de négociation tel qu’il se trouve à la suite de la note remise de la part du soussigné et du comte de Yarmouth, le 12 du courant. LL. EE. les plénipotentiaires français verront, d’après cet exposé, qu’au point où en est actuellement la discussion, il n’est plus permis au soussigné de la continuer, à moins que par l’admission de l’unique base sur laquelle il est autorisé à negocier, LL. EE. ne lui fournissent de nouveaux motifs pour justifier une pareille détermination.
Dans la note officielle remise à LL. EE. les plénipotentiaires français le 12 août, leur fut observé, “que le gouvernement britannique, bien loin de prétendre à exiger du Gouvernement français toutes les restitutions à sa bienséance, sans qu’il soit tenu à aucune restitution envers la France, n’a témoigné d’autre desir que celui de traiter avec le Gouvernement français sur la base qui lui a été proposée par la France elle-même, telle qu’elle se trouve exprimée dans la note de lord Lauderdale, savoir, de traiter généralement sur la base de l’uti possidetis, qu’on devait observer scrupuleusement, excepté dans le cas du Hanovre, qu’on se proposait de céder à S. M. britannique en entier.
“Quand même il serait possible de se méprendre sur les resultats à tirer nécessairement de ce principe, les discussions de vive voix qui eurent lieu le 9 du courant, entre les plénipotentiaires français et les soussignés, ne permettraient pas de douter que la propositions ainsi énoncée n’ait été parfaitement entendue de ces plénipotentiaires.
“En conséquence les soussignés n’avaient qu’à répéter que, d’après les instructions de leur gouvernement ils ne pouvaient faire autrement que d’insister sur ce que ce principe fût préalablement reconnu. Ce n’est qu’à cette condition qu’il leur est permis de continuer la négociation.”
Cette note resta sans réponse jusqu’au 25 du mois, que LL. EE. les plénipotentiaires français marquèrant par écrit au soussigné, “que, desirant l’entretenir sur l’objet de la dernière note qu’il leur avait adressée, ils l’engageaient à se rendre le lendemain au ministère de l’intérieur, où LL. EE. seraient réunies.”
Le soussigné se dispense de faire aucune observation sur l’intervalle qui s’est écoulé entre l’envoi de la note du 11 et l’époque où l’on y a répondu, ainsi que sur la maniére dont on a évité d’entrer en matière, par écrit, sur le contenu de cette note, suivant l’usage de tous les terms et de tous les pays, toutes les fois qu’il s’agit des affaires de cette importance. Il se borne à remarquer, que, lorsqu’après un aussi long délai, et à la suite d’une invitation par écrit, le soussigné s’y est rendu dans l’espoir de recevoir enfin la décision du gouvernement français sur le contenu de la note officielle du 11, la conférence n’a paru tendre, de la part de LL. EE. les plénipotentiaires français, qu’à engager le soussigné à présenter le projet détaillé d’un traité.
Déjà dans la note du 11 août, le soussigné, conjointement avec le comte de Yarmouth, avait déclaré formellement que, jusqu’à ce que la France eût adopté la base telle que le gouvernement britannique la croyait avoir été proposée en premier lieu par elle, il ne lui était point permis d’entrer dans les détails de la négociation. Aussi, quand même le soussigné aurait pus(?) s’oublier au point d’accéder à la proposition faite dans la dernière conférence par LL. EE. les plénipotentiaires français, non-seulement il aurait fallu pour cela qu’il abandonnât les seules conditions que ces instructions l’autorisent à admettre comme base de la négociation, mais qu’il s’exposât encore à une contradiction manifeste en présentant d’abord l’ensemble d’un projet de traité, dont les détails devaient résulter de la négociation même; négociation que le soussigné avait declaré ne pouvoir entamer que d’après une reconnaissance préalable de la base en question.
Dans cet état des choses, le soussigné, après avoir assisté, selon le desir de LL. EE. les plénipotentiaires français, aux conférences qu’elles lui ont proposées, après avoir mûrement réfléchi sur toutes les communications qu’il a reçues de LL. EE., et s’être ainsi pleinement convaincu que les vues actuelles du gouvernement français sont fort éloignées de celles que S. M. britannique a dû lui supposer! enfin, que la continuation de la négociation actuelle ne pourra désormais avoir d’autre effet que celui d’entretenir, chez les deux peuples, un espoir qui ne saura être réalisé, le soussigné croit de son devoir de déclarer formellement à LL. EE. les plénipotentiaires français, la résolution où il est conformément aux instructions de son souverain, de mettre un terme à sa soumission. L’admission, par écrit, de la base si souvent mise en avant par le soussigné, pourra seule apporter du changement à cette détermination.
Signé LAUDERDALE.
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