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Eylau: Precis Des Travaux de la Grande Armee

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Eylau: Precis Des Travaux de la Grande Armée

Lettre de Talleyrand à Lauderdale protestant l’interruption des négociations : 4 septembre 1806

No. XXX. – Copie d’une note adressee par le Ministre des relations extérieures au comte de Lauderdale.

Le 4 septembre 1806.

Le soussigné ministre des relations extérieures, à mis sous les yeux de S.M. l’Empereur, Roi d’Italie, les notes successives de S.M. Ex. M. le ministre plénipotentiaire de S.M. britannique, en date du 9 août, du 10, du 11 au matin, du 11 au soir, du 14, du 22 et du 25 du même mois. Il a reçu l’ordre d’adresser à S.M. Exc. M. le comte de Lauderdale, relativement à ces diverses notes, la déclaration suivante.

Avant la nomination de lord Lauderdale, la négociation entre la France et l’Angleterre présentait tous les caractères d’une discussion calme et modéré; mais à son arrivée, elle sembla prendre tout-à-coup une direction inattendue, et S.M. l’Empereur ne pût qu’être extrêmement surprise d’apprendre presque simultanément, et l’intervention d’un second plénipotentiaire de S.M. le roi d’Angleterre, et la demande formelle de passeports pour son retour.

Une seule conférence avait eu lieu; la seconde n’était pas encore indiquée; les visites que prescrivent les égards réciproques n’avaient pas été faites par le nouveau ministre plénipotentiaire de S.M. britannique, et cependant des demandes de passeports se renouvelaient d’heure en heure; en vain les plénipotentiaires de S.M. l’Empereur s’efforcèrent-ils de se faire entendre; en vain ils donnèrent, en vain ils demandèrent des explications; ils n’éprovèrent que le refus le plus presévérant d’écouter tout ce qui pouvait tendre à une conciliation.

Les ministres de S.M. l’Empereur dûrent lui rendre compte des obstacles qu’ils rencontraient et des dégoùts qu’ils avaient à essuyer; et S.M. jugeant des vues du plénipotentiaire de S.M. britannique par l’inconvenance des formes impérieuses, et on peut le dire, sauvages, qu’il n’avait pas craint d’adopter, dut voir avec évidence que la véritable intention de lord Lauderdale avait été de venir rompre précipitamment une négociation qui, dans son principe, annonçait une prompte et heureuse issue.

Toutefois S. Majesté voulant éprouver si en portant la modération jusqu’à l’extrême degré de l’impassibilité, le plénipotentiaire anglais ne se determinerait pas à choisir des formes plus conciliantes, fit à l’amour de la paix le pénible sacrifice de tolérer que le ministre d’un gouvernement ennemi vint affecter, au sein même de sa capitale, un ton de menace et de supériorité; mais enfin les expressions contenues dans la sixième note, l’ont obligé à reconnaître l’impossibilité de conclure une paix avec un plénipotentiaire dont toutes les demandes sont des offenses, et toutes les démarches des traites d’hostilité, et le soussigné a reçu en consequence l’ordre de remettre à S. Exc. lord Lauderdale les passeports qu’il a si persévéremment demandés.

Mais en même tems, S.M. l’Empereur et Roi a enjoint au soussigné de déclarer formellement qu’elle desire autant que cela dépend d’elle, que la négociation ne soit ni interrompue, et qu’elle soit continuée en tel lieu que ce soit, dans un véritable esprit de conciliation avec une franche et mutuelle disposition de s’entendre, et selon les usages et dans les formes convenues chez toutes les nations.

Jamais S.M. ne souffrira que ses ministres défèrent à rien de ce qui pourra être contraire à sa dignité, et qui pourrait s’écarter des principes de la plus parfaite égalité entre les grandes puissances. Il est sans exemple dans l’histoire, et entre deux nations qui ne peuvent s’arroger aucun droit de supériorité, que le plénipotentiaire de l’une ose dicter à l’autre les conditions et les formes d’une délibération, et tracer autour de lui la cercle de Popilius; et c’est ce que n’a pas craint de faire le ministre de S.M. le roi d’Angleterre, comme si la paix n’était pas moins un besoin pour l’Angleterre que pour la France; comme si les chances de la guerre étaient toutes contre la nation française, et que seule, elle en dût supporter tous les maux.

Le soussigné a le regret d’avoir à déclarer à S. Exc. lord Lauderdale, que si effectivement sa mission a été de rompre la négociation déjà si avancée, s’il a voulu, en faisant succéder au langage doux et conciliant qui avait rapproché les deux gouvernemens, le ton impérieux du reproche et de la menace, prolonger les calamités qu’il dans son ministère de faire cesser, lord Lauderdale a la triste gloire d’être arrivé à son but: avantage, après tout, bien difficile à obtenir; car enfin la paix entre la France et l’Angleterre ne peut être que le résultat d’une négociation faite par des hommes qui sentent ce que chacune de ces deux nations doit à sa rivale, qui recherchent et facilitent, autant qu’il est en eux, les combinaisons et les calculs les plus propres à concilier des intérêts divergens, et qui attachent leur bonheur personnel et l’honneur de leur nom à terminer une lutte, dont la durée est un fléau, non-seulement pour les deux peuples, mais pour toutes les nations de l’Univers. Or, pour mettre obstacle à un tel bien, il suffit de rester insensible à la gloire d’y coopérer.

Le soussigné doit ici répéter ce qu’il écrivait le 2 juin à S. Ex. M. Fox “Qu’on ne doit jamais se flatter d’imposer à la France ni des conditions de paix, ni un mode de négociations contraire aux usages.”

Le Gouvernement français continue d’adhérer en ce moment, comme il le faisait à cette époque, aux deux bases de négociation, dont on est tombé d’accord de part et d’autre, savoir:

1.o Au principe tiré de la lettre de M. Fox, du 26 mars, que les deux Etats auront our objet: “Que la paix soit honorable pour eux et leurs alliés respectifs, en même-tems que cette paix sera de nature à assurer autant qu’ils le pourront le repos future de l’Europe.”

2.o Au principe qui établit: “Une reconnaissance en faveur de l’une et de l’autre puissance, de tout droit d’intervention et de garantie pour les affaires continentales et pour les affaires maritimes.”

Le soussigné a l’honneur de renouveller, etc.

Signé, CH. M. TALLEYRANE, prince de Bénévent.

 

 

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