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Les Cent-Jours, ou l'Esprit de SacrificeBy Dominique Villepin Villepin, Dominique de. Les Cent-Jours, ou l'Esprit de Sacrifice. Paris: Librairie Acadmique Perrin, 2001. 634 p. ISBN# 2262013977. 159 francs.
Le grand succs en France pour l'oeuvre de la littrature Napolonienne de cette premire moiti de l'an 2001 ne revient pas un auteur consacr du genre. Mme Jean Tulard pour son, pourtant, excellent 'Les vingt jours Louis XVIII ou Napolon ? 1 - 20 mars 1815' a t dpass par le succs du Best-seller de Dominique de Villepin: "Les 100 jours, ou lesprit de sacrifice." Dominique de Villepin est plus connu en France pour ses hautes responsabilits politiques: Secrtaire Gnral de la Prsidence de la Rpublique depuis 1995. Et sa haute fonction est peut tre la raison principale du succs de son livre: Un homme qui connat les mandres du pouvoir politique, analyse le retour de celui qui domina l'Europe durant 15 ans. Durant l'mission de television "Bouillon de culture" o il prsenta son livre, Mr de Villepin rsume la thse de son livre: "Il y a dans les 100 jours un moment trs particulier o on dcouvre un visage un peu mconnu de Napolon: Un homme de chair et de sang, un homme qui doute... Il a dcouvert l'humiliation, la trahison, la haine populaire, ce qui l'a boulevers et transform profondment. On ne le voit pas encore durant le retour de l'aigle, puisqu'il est emport par le mouvement et le souffle de l'arme et du peuple de paysans. Mais quand il arrive Paris il trouve alors le vrai dfit du pouvoir : Que faire ? Il a l'Europe qui menace ses portes, il doit essayer de rconcilier les Franais. Il trouve en lui l'ide quil faut rconcilier les deux France, concilier les notables avec le peuple d'o cette ide d'apporter la libert en plus de la Rvolution. Redevenir un homme et non plus l'Empereur n'tait peut tre pas le meilleur choix, mais il tait tout fait conscient. Autour de lui on ne le reconnat plus, on se dit quil a chang. Il se runit avec Benjamin Constant, un libral qui l'a tant combattu, pour parler d'une nouvelle constitution donner la France. Il lui dira d'ailleurs 'je ne veux pas tre le Roi d'une Jacquerie' et aprs Waterloo il confirmera son choix en disant au mme Benjamin Constant, refusant de rpondre l'attente du Peuple qui lui demandait de rester : 'je ne suis pas revenu de l'Ile d'Elbe pour faire couler le sang des Franais.' Il avait dcid daller jusquau bout du choix qui tait le sien: une sorte d'esprit de sacrifice en faisant don de sa personne pour pargner la France" Le livre se lit comme un roman. En 594 pages et trois grands chapitre l'Envol, le pige et le sacrifice -Dominique de Villepin nous dcrit la dernire chevauche. Le style de l'auteur est plaisant, prcis, jamais lourd, richement document. Les pieds de pages sont remplis d'anecdotes et de citations montrant qu'il connat parfaitement son sujet. Aprs la premire abdication, Louis XVIII doit essayer de concilier trois grandes forces: - Les ultras, reprsents par le Comte d'Artois, son Frre; - L'Arme, toujours fidle l'ex-Empereur; - Les libraux, qui voudraient prendre exemple sur la monarchie Anglaise. Hsitant, voulant tour tour contenter les trois, Louis XVIII russit l'impossible : mcontenter tous les trois: - Les Ultras rejettent la charte qu'ils jugent trop librale - En nommant Dupont, celui qui avait capitul Baylen, les troupes se sentent humilies - En nommant des ultras au gouvernement, les libraux et le peuple craignent la terreur blanche, le retour des privilges et la rcupration des terres confisques par la Rvolution. Depuis l'Ile d'Elbe, inform par ses partisans qui prennent 'la violette' comme symbole, Napolon, comprend rapidement que le moment est venu de retourner en France. Il n'a rien perdre, les Bourbons n'ayant pas respect le trait de Fontainebleau. A son retour il semble que l'toile brille plus fort que jamais pour Napolon. Il a les mots justes, les attitudes justes; Il faut dire quil est aid par l'incomptence des Bourbons. Louis XVIII ne pense qu' ses repas, et face aux discours enflamms de Napolon au peuple ou aux troupes (l'immortel "Soldats du 5, reconnaissez moi, s'il est parmi vous un seul homme qui veuille tuer son Empereur, il peut le faire, me voil") Louis XVIII oppose une demande au citoyen de 'courir sus' Napolon. Chateaubriand, dans une page merveilleuse, ironise sur cette expression dsute venue du temps de l'ancienne Monarchie "Louis XVIII, sans jambes, courir sus le conqurant qui enjambait la terre! Courir sus en 1815! courir sus! et sus qui? sus un loup? sus un chef de brigands! sus un seigneur flon? non: sus Napolon qui avait couru sus les rois, les avait saisi et marqu pour jamais l'paule de son N ineffaable" L'pope du retour de l'aigle s'arrte Paris. Il faut choisir les ministres, certains comptents, certains fidles, rarement les deux. Davout se montrera comptent comme ministre de la guerre, mais fera cruellement dfaut Waterloo. Fouch, avec sa fourberie habituelle jouera le double jeu au ministre de la police. Quelques uns, comme Mol, refuseront des postes, d'autres comme Carnot, au ministre de l'intrieur, vieux et us seront incapables dtre la hauteur de sa charge. Les rpublicains, les anciens de la Rvolution croient au jacobinisme. Ils veulent que Napolon reprenne l'esprit de Rvolution, carte les notables, poursuive les nobles et fasse la leve en masse de la nation pour qu'elle retrouve son nergie et effraye les allis. Mais Napolon ne semble pas revenu pour faire une nouvelle rvolution : il choisit le libralisme. Il sent que les notables ont t 'gts' par les Bourbons. Ils ont pris got au pouvoir. Napolon s'approche alors de Benjamin Constant. Ecrivain libral, mais trait souvent de Camlon ou de girouette, il veux servir la cause de Napolon et se servir lui-mme. Aprs de longues runions avec Napolon, il sera charg de construire un nouveau projet de constitution. L'ide de base est de changer la souverainet absolue (d'un roi, d'un empereur, ou mme du peuple) par la notion de souverainet relative du peuple, limite par le respect d'autrui. Napolon espre avec le ralliement de cet ancien adversaire prouver qu'il est un autre homme. En mars 1815, le congrs de Vienne 's'amuse'! on se ruine, ici, en ftes, dira Talleyrand - Termin ces Congrs ' la Napolon' o de son il tincelant le petit Corse imposait ses volonts ce qu'il appelait 'un tas de rois', sans mme penser aux ftes et aux banquets. Enfin la vieille aristocratie se retrouve entre elle, entre gens de bonne compagnie, et ils veulent coup de traits pondrs et de mariages consanguins, effacer 'l'Attila Corse' qui a enflamm le continent avec ses hordes de janissaires. Jouant sur les divisions des allis, avec une habilet de 'diable (boiteux)' Talleyrand obtient de formidables avantages pour la France. Mais le 7 mars 1815, l'aube, Metternich apprend l'incroyable nouvelle: 'Napolon a disparu de l'Ile dElbe' ! Les musiques des bals cessent, les rois se runissent et refusent ce nouveau cauchemar. L'Europe est leur domaine, elle leur appartient. L'aristocratie n'admet pas la lgitimit populaire qui semble consacrer Napolon et dit: "Le voeu du peuple Franais, s'il tait pleinement constat nen serait pas moins nul et sans effet." Ils appelaient cela, une intervention motive, nous dirions aujourd'hui, le droit d'ingrence. Napolon tente dsesprment de convaincre les puissances, il multiplie les contacts pour prouver qu'il na aucune ide expansionniste, mais il y a trop de haine: la dcision est prise, les ordres sont donns, la coalition se runira en Belgique, il fait tuer 'l'usurpateur'. En seul jour Napolon a dtruit l'oeuvre de Talleyrand. La guerre est invitable. Napolon prtendait avoir l'appui de certaines puissances, l'Autriche entre autres. Lorsque il demanda Davout d'occuper le ministre de la guerre, celui-ci refusa. Lorsque Napolon, dans un moment de sincrit lui avoua que cela tait faux et que l'Europe coalise tait contre lui, que la situation tait en fait dsespre, Davout lui dit alors: 'j'accepte'. Admirable Davout ! La guerre est dcide. C'est donc en Belgique que Napolon affrontera les puissances allies. Monsieur de Villepin raconte en 60 pages: Ligny, Quatre Bras, et Waterloo. Il n'est pas ncessaire de reparler de ce qui fut l'une des plus formidables batailles de l'histoire, beaucoup l'ont fait. Une dernire fois Napolon rsistera la tentation Jacobine qui croit que le Nation, suivant l'esprit de Rvolution, dfendra le sol de la France contre les allis. Napolon, fatigu, dcide de faire don de sa personne pour pargner la France. Le peuple de Paris dfile devant sa fentre Paris. Le peuple veut qu'il reste. Mais Napolon a dcid: il sera prisonnier des allis. Il sait que l'homme disparatra, mais que dans quelques annes, 20, 30 ans, peu importe, les peuples comprendront. Les rois ont pens donn le coup mortel Napolon sans savoir que cest sa lgende qui survivrait. Je ne peux pas recommander cet ouvrage ceux qui n'aiment, de cette poque, que le bruit des canons et les charges hroques. Mais pour ceux qui veulent connatre un autre aspect de Napolon et comprendre l'histoire de cette poque, le livre de Monsieur de Villepin est incontournable. Il donne un sens vridique la fameuse frase de Napolon "Quel roman, ma vie!" Reviewed by: Dominique Contant June 2001
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